Les Messageurs se sont rassemblés à la Maison des Scop de Rennes pour deux journées…
Comment mieux comprendre le sous-titrage télé ?
En préambule
En France, le sous-titrage des programmes télévisés pour les personnes sourdes et malentendantes est régi par plusieurs lois et règlements. La loi de 2005 (loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées) prévoit que les personnes en situation de handicap ont droit à une accessibilité des contenus audiovisuels, notamment par la mise en place d’un sous-titrage adapté.
Le décret de 2010 (décret n° 2010-1043 du 29 août 2010 relatif à l’accessibilité des services de télévision) impose aux chaînes de télévision de rendre accessibles leurs programmes aux personnes sourdes ou malentendantes, ce qui inclut l’obligation de sous-titrer une partie des programmes diffusés.
Enfin, la loi de 2016 (loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique) prévoit des obligations de sous-titrage pour les vidéos diffusées sur les plateformes de vidéo à la demande.
Stock, direct, SME… de quoi parle-t-on exactement ? Tous les programmes sont-ils sous-titrés de la même façon ? Bienvenue dans l’univers du sous-titrage télé !
Quels sont les différents types de sous-titrage à la télévision pour les personnes sourdes et malentendantes ?
Le sous-titrage SME (sourds et malentendants) diffère du sous-titrage VOST (version originale sous-titrée) destiné à un public entendant souhaitant regarder un programme dans une autre langue. Le sous-titrage SME est conçu spécifiquement pour les personnes sourdes ou malentendantes pour leur permettre de comprendre le contenu audiovisuel. Il va plus loin en fournissant une transcription textuelle complète de l’audio pour retranscrire l’atmosphère de la scène. Il permet d’identifier qui parle grâce à un positionnement précis des sous-titres et à un code couleur. Et il est toujours fait dans la langue d’origine du programme. Le sous-titrage SME se divise en deux catégories : le sous-titrage en simultané pour les émissions en direct, comme le journal télévisé, les événements sportifs ou les soirées électorales, et le sous-titrage de stock pour les programmes pré-enregistrés tels que les films, les dessins animés, les documentaires ou les jeux.
Comment le sous-titrage des émissions en direct est-il réalisé ?
Le respeaking est la méthode utilisée pour le sous-titrage en direct. L’équipe qui réalise le sous-titrage est constituée d’un binôme d’interprètes de l’écrit. Un speaker équipé d’un micro-casque écoute le contenu oral du programme et le répète dans son propre micro. Il ajoute les informations qui permettent l’identification des différents interlocuteurs et qui facilitent la compréhension du propos retranscrit. Grâce au logiciel de reconnaissance vocale, le texte s’affiche instantanément sur l’écran du correcteur qui, lui, corrige les fautes et les erreurs de sens le plus rapidement possible. C’est ainsi qu’est généré le sous-titrage en direct. La difficulté de l’exercice réside dans la nécessité de produire un sous-titrage rapidement pour réduire au maximum le décalage entre le discours et l’apparition des sous-titres.
La présence d’un souffleur aux côtés du correcteur est optionnelle mais constitue un avantage réel. Ce troisième interprète de l’écrit effectue en temps réel des recherches sur Internet pour vérifier l’orthographe des noms propres et des termes inconnus, et indiquer au correcteur les erreurs qu’il n’aurait pas corrigées.
Et pour les programmes pré-enregistrés ?
Pour le sous-titrage de stock, la chaîne de télévision qui diffuse le programme fournit l’enregistrement vidéo au laboratoire de sous-titrage ou au sous-titreur indépendant. Plus le sous-titreur dispose de temps entre la réception de l’enregistrement et la date de diffusion de l’émission, plus il est à même de créer des sous-titres de qualité. On estime à 1h le temps passé pour sous-titrer 5 min de vidéo.
Il arrive que certains programmes en différé soient sous-titrés selon les conditions du direct par manque de temps entre le moment de réception du programme à sous-titrer et sa diffusion.
Le sous-titreur doit parfois reformuler le texte pour respecter le nombre de caractères maximum par sous-titre, tout en veillant à ne pas modifier le sens du propos. Chaque sous-titre est « timé » avec un time code de début et de fin, correspondant au moment où il apparaît et disparaît pendant la diffusion de la vidéo. Il est donc important de ne pas faire se chevaucher les sous-titres pour éviter que le fichier ne devienne illisible.
Le sous-titrage SME répond-il à des normes de qualité ?
Le sous-titrage en direct et le sous-titrage de stock répondent à des normes strictes décrites dans la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes, éditée par le CSA, les principaux laboratoires de sous-titrage, les associations et collectifs de sourds et malentendants et le ministère de la Culture en 2011. Elle précise les modalités techniques et les normes de qualité à respecter pour un sous-titrage adapté (respect des changements de plans, le code couleur ou encore nombre de caractères maximum pour une lisibilité optimale).
À ne pas confondre avec l’audiodescription.
On observe souvent une confusion entre sous-titrage pour sourds et malentendants et l’audiodescription du fait de leur présence sur les mêmes programmes. Si l’objectif est d’améliorer l’accessibilité des contenus audiovisuels pour les personnes en situation de handicap, ces deux dispositifs ne répondent pas aux mêmes besoins.
Le sous-titrage consiste à transcrire les dialogues et les sons en texte pour permettre aux personnes sourdes ou malentendantes de lire ce qui est dit. L’audiodescription, elle, consiste à décrire les éléments visuels qui ne sont pas perceptibles par l’ouïe (décors, expressions faciales, mouvements des personnages) pour permettre aux personnes aveugles ou malvoyantes de mieux comprendre ce qui se passe à l’écran.
En savoir plus
Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes, éditée par le CSA .
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