En préambule. Le 11 février 2025 marque le 20e anniversaire de la loi française du…

Au mois de décembre 2024, l’ADSM 50 nous a sollicités pour l’accessibilité du spectacle de Vivien Laplane « Un sourd sur scène ». Retour sur cet évènement en présence d’Anne-Marie Desmottes, Présidente de l’ADSM 50.
Pourriez-vous nous présenter l’ADSM (association des devenus sourds et malentendants de la Manche) ?
L’association départementale a vu le jour en 1989. Elle s’adresse aux déficients auditifs qui communiquent oralement. Au départ, elle fonctionnait presque comme une amicale. Elle s’est vraiment développée à partir de 2005. Aujourd’hui, on compte 90 personnes adhérentes qui habitent majoritairement la Manche, la Seine Maritime et le Calvados. Il faut aussi rappeler que l’association est membre fondatrice du Messageur en 2012 !
Quelles sont les missions de l’association ?
L’association conseille, oriente, et a aussi un rôle de représentation dans les diverses instances. Nous donnons des renseignements sur les moyens de compensation, les financements possibles et nous accompagnons aussi dans la rédaction des dossiers MDPH. On essaye de représenter les déficients auditifs oralistes dans les différentes instances mais on manque malheureusement de bénévoles. Notre rôle est aussi de faire de la prévention auprès des jeunes dans les établissements scolaires, d’indiquer la possibilité de réaliser un dépistage auditif et de donner des informations aux personnes qui passent le test.
On organise aussi des moments de convivialité avec les adhérents. Notre préoccupation majeure est de trouver des sorties accessibles avec les adhérents…On demande toujours quels sont les outils et les moyens d’accessibilité mis en place. Il faut souvent faire de la sensibilisation auprès des organisateurs.
Vous avez récemment fait appel à Vivien Laplane pour une représentation de son spectacle : « Un sourd sur scène». Comment s’est passée la séance ?
C’était une bonne expérience. C’est important d’avoir un acteur qui fait passer un message. Il est malentendant donc il sait très bien de quoi il parle : les difficultés, les obstacles… On se retrouve totalement dans son discours. Le public était très attentif. Il y avait une cinquantaine de personnes. L’ambiance était très conviviale, presque familiale.
Cette représentation s’inscrivait dans le cadre d’une journée consacrée à la thématique « Faire entendre l’invisible ». Qu’est-il sorti de cette journée, des débats et témoignages qui s’y sont déroulés ?
Les échanges étaient très denses lors de cette journée. Il y a eu beaucoup de questions en lien avec le travail et la vie quotidienne. Quand on est malentendant, notre handicap ne se voit pas, comment le rendre visible ? La transcription est importante. L’accessibilité est indispensable par boucle magnétique et transcription. Pour certains participants, c’est une découverte. Les personnes malentendantes manquent d’infos. C’est le premier public à informer. Les aides auditives ne sont pas l’unique solution !
Vous aviez mis en place de l’accessibilité pendant cette journée. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Les gens découvrent. Ils veulent savoir si c’est automatique ou s’il y a quelqu’un derrière le sous-titrage en direct. Est-ce que ça marche tout seul ? On explique que non, ça ne fonctionne pas tout seul, qu’il y a une vraie personne derrière ! On constate que la transcription automatique est quand même moins qualitative que le travail réalisé par l’être humain.
Nous allons fêter les 20 ans de la Loi du 11 février 2005 pour l’amélioration de l’inclusion, de l’accessibilité, des droits, et de l’égalité des chances des personnes en situation de handicap. Est-ce que l’ADSM va prendre part aux célébrations ?
Si on est invités quelque part, on ira ! Mais je pense qu’il faudra encore insister pour faire passer le message qu’on a besoin d’accessibilité. S’il n’y a pas d’accessibilité, on ira mais pour le faire remarquer ! On a toujours besoin de rappeler qu’on a besoin de boucle magnétique et de transcription… Je vais vous raconter une histoire. C’était il y a quelques années. J’étais invitée à une réunion dans la Manche et il me fallait une transcription. On nous accueille et on nous dit qu’il n’y a pas de personnes handicapées. Pour beaucoup de personnes, le handicap c’est le fauteuil.
Enfin, en ce début d’année, avez-vous un souhait pour les personnes sourdes et malentendantes ?
Le souhait c’est toujours le même, on veut que l’accessibilité soit un réflexe et qu’on ne soit pas obligés de la demander. Les malentendants eux-mêmes doivent ne pas hésiter à demander de l’accessibilité. Il existe malheureusement une sorte de blocage.
On a aussi de nombreux projets et nous aimerions qu’ils se concrétisent. Mais pour cela, nous avons besoin de financements. Avec ce qu’on entend avec les subventions, on essaye de trouver d’autres sources de financement. Et encore une fois, nous manquons de bénévoles. Je pense qu’ils se disent : « Je ne vais pas y aller parce que je ne vais pas comprendre ». Ils ont peur de se lancer par rapport à l’accessibilité et à leur handicap. Pour les malentendants, c’est quelque chose de compliqué. Parmi les explications, il peut aussi y avoir le manque de temps… Dans toutes les associations, il y a un manque de bénévoles. On sent qu’il y a un véritable frein.
Pour aller plus loin : http://www.adsmmanche.fr