Les Messageurs se sont rassemblés à la Maison des Scop de Rennes pour deux journées…
Récit-témoignage : « ma première réunion en visioconférence sous-titrée »
Marine travaille aux Archives municipales de Rennes. Confinée chez elle en télétravail, elle a vécu la semaine dernière sa première réunion professionnelle à distance en visioconférence, sous-titrée en temps réel par Le Messageur. Elle nous relate avec humour cette expérience.
Avant la réunion
Une invitation à la réunion de service en visio à 18 personnes, ce mardi matin? Comment cela va t-il se passer ?
Depuis le 16 mars, je suis en télétravail chez moi. N’ayant pas de bureau dédié, j’ai dégagé deux minuscules m2 dans notre appentis pour y travailler les matins. Sur une table pliante, mon ordinateur fixe professionnel occupe une belle place mais pas de webcam, ni de micro.
Je me suis rabattue sur mon ordinateur portable personnel qui arrive en fin de vie (il a déjà planté plusieurs fois depuis le début du confinement).
Ça va le faire…Pourrai-je lire sur les lèvres de tout le monde ?
La qualité des visios avec la famille avec mon téléphone avec d’autres outils est assez limitée, avec un grand décalage avec le son et la voix. Je suis épuisée au bout de 15 minutes.
Vais-je tenir ? Entendrai-je tout le monde ?Mince ma boucle magnétique est restée dans mon tiroir au travail ! Une oreillette sur mon oreille désappareillée, la moins sourde, ça devrait compléter la transcription.
Comment les gens vont-ils respecter le tour de parole alors qu’ils n’ont pas le micro à faire circuler ? L’infographie de bonnes pratiques va-t-elle suffire ?Au fait, comment je m’habille ? Je tente de discipliner quelques mèches de cheveux récalcitrants, libres depuis le début du confinement.
Je branche mon ordinateur sur la prise du connecteur CPL que je branche à l’une des prises murales… Oh oh, la lumière de la pièce s’éteint brutalement. Mon mari passe la tête par la porte de mon antre et me demande si c’est moi qui ai fait sauter les plombs- mmh possible… Je change de prise, ça fonctionne ! Ouf !
Le câble trop court, la table trop petite, la batterie trop faible, ne me permettent pas de m’installer à mon bureau. De toute façon, la lumière aurait été dans mon dos, contrairement aux préconisations pour la visio. Je m’installe en tailleur sur mon futon avec la lucarne qui me fait une lumière zénithale… Suis-je devenue bonze à l’ère du numérique ?
Pendant la réunion
C’est aussi la première visio-conférence avec l’application pour la plupart d’entre nous. Les voix fusent, ça s’écrit dans la fenêtre de discussion, ça rigole, ça modifie les fonds d’écran (cascade, grande plaine…) pour nous évader.
Pour les essais techniques, je panique un peu, la transcription n’est pas encore activée, j’ouvre le tutoriel sur l’affichage en multifenêtres, je jongle avec la messagerie pour vérifier la procédure. Où suis-je ? Qu’entends-je ? De loin, j’entends que l’on m’appelle ? Ah oui, c’est bien moi ! Oui, on m’entend, on me voit. Hello ! (ouf, j’ai fait un peu de rangement derrière).Déception, seulement quatre personnes en visio sont visibles en même temps.
Je m’imaginais déjà comme un expert scientifique des séries policières devant une mosaïque de vidéos pour tout voir, tout comprendre et qui trouve la solution à l’enquête en ¼ de seconde.Sur mon écran d’ordinateur 17 pouces : double fenêtres avec la transcription à gauche et l’outil de visio à droite dont une colonne dédiée au discussion écrite. Puis en fenêtre cachée, le forum de discussion avec la transcriptrice, mon téléphone portable sur les genoux juste au cas-où…
Quatre écrans seulement, c’est bien aussi pour lire sur les lèvres ! Je me sens déjà un peu comme une mouche avec ses yeux à facettes.
Heu, y’a de l’écho dans ma caverne ? Tâtonnement de réglages de son en début de réunion, c’est chaud pour suivre mais heureusement je peux jeter un œil sur la transcription…Finalement, notre directrice avait bien préparé cette première réunion qui donnait lieu essentiellement à des informations descendantes. La gestion de la parole n’a pas été trop difficile. Les questions étaient posées sur la discussion écrite, notre directrice pouvait donc réagir quand elle était prête. C’est pas mal ça ! Si bien que nous nous sommes lâchés sur les émoticônes et les blagues, comme les apartés en réunions physiques. Et là, je peux toutes les comprendre. Je ris toute seule. Mon chat, squatteur de genoux me regarde un peu blasé, sa maîtresse débloque ! Le confinement l’a eue.
Après la réunion
Je me sens un peu flottante mais contente. Ça fait du bien de voir les collègues, d’entendre leurs voix, de les lire en direct.
[Ma fille, passe la tête par la porte de mon terrier, vérifie qu’elle a le droit de venir, elle est déçue, elle voulait voir mes collègues dans le « dordinateur ». Depuis le confinement, c’est devenue une spécialiste de la visio du haut de ses 3 ans et demie.]
Nous sommes dans une époque plutôt bénéfique pour les échanges écrits et visuels…grâce aux technologies. Et pour une personne malentendante, c’est un vrai supplément de liens sociaux. Je n’ai qu’une envie…recommencer !